Sébastien D’hervé (1885-1917), prisonnier en Suisse

Sébastien D'Hervé coll. part. Gilbert D'Hervé

Sébastien D’Hervé coll. part. G. D’Hervé

Sébastien D’hervé naît le 15 août 1885 à Ty-Moal en Quéménéven. Il est le dernier enfant de Louis, cultivateur et de Marie Catherine GOURLAY.

Cheveux bruns, yeux roux, il est plutôt grand (1,70m) et a un niveau d’instruction de fin de primaire.

Le 7 octobre 1906, il est incorporé au 135e RI pour effectuer son service militaire. Il est envoyé en congé le 28 septembre 1908 avec un certificat de bonne conduite (matricule 3159 au recrutement de Brest-Châteaulin).

En 1911, lors du recensement, il est domestique chez Philippe à Kergoat. Le 4 juin, il épouse Marie Corentine Roignant à Quéménéven. Ils auront trois enfants, dont le dernier naît en octobre 1914 alors que son père est déjà prisonnier.

Il décède le 28 mai 1917 à l’hôpital de Quimper, rue de l’hospice, de tuberculose, après avoir fait un séjour en Suisse.

Son parcours pendant la guerre

Mobilisé le 5 août, il part au front le 12 août 1914 avec le 271e régiment d’infanterie de Saint-Brieuc.

Il est fait prisonnier le 30 août 1914 à Tourteron dans les Ardennes.

Ce jour-là, le régiment est attaqué à 5 heures du matin. Devant des forces très supérieures, le régiment est obligé de battre en retraite laissant un grand nombre de morts et de blessés aux mains des Allemands. Sébastien Dhervé est au nombre de ces blessés.

coll. part. Gilbert D'Hervé

coll. part. G. D’Hervé

Il est d’abord interné à Hammelburg en Allemagne. Le 5 février 1915, il est évacué d’Allemagne et hospitalisé en Suisse, à Montana.

En effet, à l’initiative de la Croix-Rouge, en février 1915, un accord humanitaire d’échange de « grands blessés » est signé entre la France et l’Allemagne. 

De mars 1915 à novembre 1916, près de 2 343 allemands et 8 668 grands blessés français sont échangés via la Suisse. Sébastien Dhervé a fait partie des premiers évacués.

C’est de cette époque que date le portrait que possède sa famille.

Sébastien Dhervé se savait condamné. A l’arrière de son portrait, il laisse un message poignant : « Je laisse 3 enfants dont pas vu le dernier Jean. Adieu à tous. Enfants soyez sérieux et suivez conseils de mon frère. Sébastien ».

Une autre inscription « Suisse 1916 » indique que ce portrait a été réalisé alors qu’il était à Montana.

message

Coll. part. G. D’hervé

Parmi les internés, un certain nombre a été rapatrié, jugeant que leur état ne correspondait pas à la catégorie dans laquelle ils avaient été classés par les commissions médicales neutres ayant opéré leur choix. Ainsi, au 20 janvier 1917, 50 Allemands et 650 Français et Belges, civils et militaires sont rapatriés.

Sébastien Dhervé est rapatrié le 1er février 1917, il décède le 28 mai 1917 à l’hôpital mixte de Quimper de tuberculose pulmonaire bilatérale.

L’internement sanitaire en Suisse

En octobre 1914, à la suite de renseignements provenant des camps de prisonniers, la Croix-Rouge tente d’extraire des camps allemands et français, les « grands blessés » dont la mortalité était alors effrayante.

En février 1915, un accord humanitaire d’échange de « grands blessés » est signé entre l’Allemagne et la France. De mars 1915 à novembre 1916, près de 2 343 allemands et 8 668 grands blessés français sont échangés via la Suisse.

Dès la mise en place effective du rapatriement des « grands blessés », début 1915, un projet d’internement des prisonniers de guerre « moyens blessés » et des tuberculeux fait l’objet de négociations diplomatiques longues et délicates entre les belligérants et la Suisse.

Il faut attendre un an pour voir fin janvier 1916 un essai d’internement en Suisse de cent tuberculeux français et de cent allemands.

En mars 1916, les premières commissions itinérantes suisses se mettent en route pour les camps de prisonniers de guerre pour effectuer le choix des internés. Le 21 avril 1916, 12 000 places d’internés sont créées en Suisse.

Toutefois parmi ces internés, un certain nombre a été rapatrié, jugeant que leur état ne correspondait pas à la catégorie dans laquelle ils avaient été classés par les commissions médicales neutres ayant opérés leur choix. Ainsi, au 20 janvier 1917, 50 Allemands et 650 Français et Belges, civils et militaires sont rapatriés. Sébastien D’Hervé était-il parmi eux ?

Au total, de 1916 à l’armistice : 67 726 prisonniers (militaires et civils) ont été accueillis en Suisse, dont pour l’Entente (45922) : 37 515 Français, 4 326 Belges, 4 081 Anglais.

Après son décès

Sébastien D’hervé est inhumé au cimetière de Kergoat.

Sources

Registres d’état-civil de Quéménéven

Fiche matricule, AD du Finistère (1R-1345 – 1905)

Site Mémoire des Hommes : Fiche de Sébastien D’Hervé sur la base des Morts pour la France, Historique et JMO du 271e RI

François Ollier – Suisse (1914-1918) : L’internement des prisonniers de guerre alliés, malades et blessés sur le site http://hopitauxmilitairesguerre1418.overblog.com

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