400-450 hommes mobilisés

Du 2 au 18 août 1914, la France mobilise plus de 3 millions d’hommes, âgés de 21 à 41 ans, qu’il faut transporter jusqu’aux dépôts des régiments, habiller, équiper et armer, puis transporter vers les frontières franco-allemande et franco-belge.

La guerre que l’on espérait courte va s’avérer si meurtrière que plusieurs appels ultérieurs sont organisés, mobilisant les hommes plus âgés (42 à 46 ans en 1914) et les classes plus jeunes pour venir combler les pertes subies par les diverses unités.

A partir du recensement de 1911, on estime à approximativement 400 le nombre d’hommes de Quéménéven qui ont pu être mobilisés sur les 4 années du conflit.

Quand éclate la guerre, les hommes des classes 1911, 1912 et 1913 sont déjà sous les drapeaux . Ils font leur service militaire depuis près de 2 ans pour certains dans les régiments de l’armée d’active. A Quéménéven, ils sont approximativement 44 jeunes hommes au service militaire, comme  Jean Capitaine, classe 1911, qui a été incorporé à compter du 1er octobre 1912 au 3ème régiment de dragons de Nantes.

A l’appel de la mobilisation générale, les réservistes se dirigent vers le dépôt de leur régiment en fonction de la consigne portée sur le fascicule de mobilisation attaché à leur livret militaire.

Les trois plus jeunes classes de réservistes (classes 1908, 1909 et 1910) arrivent dans les dépôts des régiments d’active les 3 et 4 août et font passer ces régiments à leurs effectifs de guerre. En Cornouaille, on les retrouve préférentiellement au 118e régiment d’infanterie de Quimper, à l’instar de Jacques Curunet, Jean L’Helgoualc’h, Claude Moreau, Pierre Le Marc’h ou encore Corentin Guillou. Pour Quéménéven, on estime à 34 le nombre de réservistes des classes 1908, 1909 et 1910.

Ils sont donc entre 70 et 80 à partir les premiers au front, rapidement rejoints par les réservistes plus âgés, des classes 1900 à 1907, dont on peut estimer le nombre à environ 120.

Ce sont d’abord les réservistes âgés de 27 à 30 ans (classes 1904 à 1907) qui sont mobilisés les 5 et 6 août dans les régiments de réserve. Pour Quéménéven, on les retrouve préférentiellement au 318e régiment d’infanterie de Quimper, comme ce fut le cas par exemple pour Jacques Autret (classe 1907).

318e RI - Les gars de Quéménéven (Coll. P. Blaise)

318e RI – Les gars de Quéménéven (Coll. P. Blaise)

Les réservistes les plus vieux (classes 1900 à 1903 – âgés de 31 à 34 ans) restent d’abord dans les dépôts. Pourtant, René Marchalot (classe 1903) qui se rend le 5 août 1914 au dépôt du 2ème régiment d’infanterie coloniale, quitte Brest avec son régiment le 8 août pour les environs de Bar-Le-Duc.

Les territoriaux (classes 1893 à 1899 – âgés de 35 à 41 ans) sont mobilisés plus tard, à partir du 16 août, comme par exemple Jean Quelven, incorporé au 86e RIT de Quimper. On estime leur nombre à 76 pour Quéménéven.

Les appels ultérieurs concernent, selon les données du recensement de 1911 :

– à partir de septembre 1914, les 19 jeunes hommes de la classe 14, dont certains n’ont pas encore 20 ans
– à partir de décembre 1914, environ 15 jeunes hommes de la classe 15 (âgés de 19 ans) et les réservistes – de l’armée territoriale dont le nombre est estimé à 65 et qui ont entre 42 et 46 ans
– en avril 1915, environ 22 jeunes de la classe 16 (âgés pour la plupart de 18 ans)
– en janvier 1916, également environ 22 jeunes hommes de la classe 17 (âgés de 18 ans)
– en avril 1917, environ 17 jeunes hommes de la classe 1918 (âgés pour la plupart de 18 ans)
– en avril 1918, environ 26 jeunes hommes de la classe 19.

recensementhommes1911

Ce sont donc au total près de 400-450 hommes, nés entre 1868 et 1899 qui ont été mobilisés, certains avaient près de 50 ans, d’autres pas encore 20 ans.

88 ont été tués, 1 pour 5 hommes mobilisés…


Les éléments ci-dessus se fondent sur une analyse du recensement de la population de 1911, complétée par les recensements de 1901 et 1906 pour les classes 1908 et 1909 au service militaire en 1911. Ces données permettent simplement d’avoir une idée du nombre d’hommes qui a pu être jeté dans les combats. Les sources ne permettent pas à ce jour de comptabiliser les exemptions, très minoritaires au demeurant, ni les mouvements de population – plusieurs soldats figurant sur le monument aux morts n’habitent pas à Quéménéven en 1911.

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3 réponses

  1. Marie-Noëlle dit :

    Bonjour,
    Merci pour ces précisions. Je me pose une question : mon grand oncle Armand Briffe s’est retrouvé rattaché au 316ème RI en Septembre 1914, à Vannes. Il avait 19 ans. Mais ses parents étaient résidents en Espagne, et lui faisait ses études à Reims. Savez-vous pourquoi il a été intégré avec ses camarades Bretons ? Merci si vous pouvez m’éclairer sur ce point.

  2. yveline le grand dit :

    Bonjour,
    En septembre 1914, Reims est au coeur des combats (le 19, la cathédrale est bombardée et incendiée). Devant l’avancée fulgurante des troupes allemandes, votre grand-oncle pouvait s’être réfugié en Bretagne, ce qui était le cas de beaucoup de civils de l’est de la France, mais aussi des régiments des zones occupées, qui ont installé leur dépôt en Bretagne.
    Yveline Le Grand

  3. Marie-Noëlle dit :

    Bonjour,
    Et merci beaucoup pour ces précisions. Armand devait rejoindre Reims pour sa dernière année d’études à l’école des Arts et Métiers, mais c’est en Espagne auprès de sa famille qu’il a terminé ses vacances d’été et attendu son ordre de mobilisation le 28 septembre. Il a fait ses classes en octobre à Vannes dans le 148è RI, puis a rejoint le 151è RI le 8 décembre. Il a combattu à Ypres (Flandres) et se retrouve cantonné à Retheuil (Aisne). En mai, il rejoint en renfort le 316è RI, pour disparaitre le 6 juin dans la bataille de Quennevière.
    Je me demande encore quels compagnons Bretons il a côtoyé… peut-être certains de Quemeneven ? Mais je sais maintenant pourquoi il a été mobilisé à Vannes : merci beaucoup !
    Marie-Noëlle