Corentin Cariou, les effets de la guerre chimique

Corentin et Pierre Cariou. Coll. famille Isnard-Nihouarn

Corentin (à gauche) et Pierre Cariou. Coll. famille Isnard-Nihouarn

Corentin Hervé Marie Cariou naît le 9 avril 1898 au Yeun, Quéménéven. Il est le plus jeune des trois fils de Jean Guillaume, cultivateur et de Anne Marie Canévet.

Il meurt au domicile de ses parents le 17 juillet 1920, des suites d’intoxications au gaz.

Pendant la guerre

Cheveux châtains, yeux gris, il est grand (1,74m) et a un niveau d’instruction de fin d’école primaire.

Incorporé au 29e régiment d’artillerie le 1er mai 1917, il part au front le 1er avril 1918 et passe au 301e régiment d’artillerie lourde le 1er mai 1918 (matricule 3121 au recrutement de Brest-Châteaulin). 

Le 27 avril 1918, le 301e RAL est rattaché au 31e corps d’armée sur le front Hangard-Villers-Bretonneux, à l’est d’Amiens. Il riposte aux attaques violentes de l’artillerie allemande, et bombarde les positions ennemies en fonction des demandes de l’infanterie française (tirs de barrage, destruction de batteries…) sur tout le front au sud-est d’Amiens.

Corentin Cariou est évacué malade le 2 juin 1918. Il est proposé pour la réforme n°1 (militaire ayant contracté la maladie en service commandé) avec gratification de 5e catégorie (40%) par la commission de réforme de Nevers du 26 avril 1919, pour tuberculose pulmonaire.

L’intoxication aux gaz suffocants et les mauvaises conditions de vie sur le front peuvent se combiner et être à l’origine de cette maladie.

Il meurt au domicile de ses parents le 17 juillet 1920.

La guerre chimique

« 22 avril 1915, à 17 heures, saillant d’Ypres en Belgique, un lourd nuage jaune et verdâtre, poussé par un vent de nord-est, progresse rapidement en direction des lignes françaises situées entre le canal de l’Yser et le village de Poelcappelle. Immédiatement pris de nausées et ne pouvant plus respirer, les soldats français, totalement démunis face à ce nuage mortel, s’effondrent devant leurs camarades présents en seconde ligne, propageant ainsi un effet de panique dans les lignes alliées. Au cours de cette journée, 5 000 soldats périssent dans l’attaque, alors que 15 000 ont subi les effets des gaz. »

Cette attaque ne fut que la première d’une longue série. « Entre juillet 1917 et novembre 1918, l’Allemagne produit plus de 6 millions d’obus à l’ypérite. Chaque mois, un million d’obus à arsine sortent de ses usines ». La France et la Grande-Bretagne mobilisent également leur industrie chimique.  » La Société chimique des usines du Rhône passe d’une production de 7 tonnes en avril 1918, à 500 tonnes en octobre de la même année, permettant à l’armée française de fournir les autres nations alliées, notamment les États-Unis et l’Italie. »

Corentin Cariou aura eu plusieurs fois l’occasion d’être exposé aux gaz attaquant le système respiratoire. La seconde moitié de 1917 et l’année 1918 sont particulièrement marquées par l’utilisation intensive de ces gaz et l’apparition de nouvelles substances redoutables, comme l’ypérite provoquant des brûlures sur toutes les surfaces exposées, et n’agissant que plusieurs heures après que les soldats aient été exposés..

« Des stratégies pour tromper l’adversaire et l’intoxiquer à son insu sont élaborées par chaque camp. La méthode la plus répandue consiste à mêler dans une salve d’artillerie les obus explosifs conventionnels aux obus chimiques. Les explosions des obus classiques doivent masquer l’arrivée des munitions au gaz, qui, au moment de percuter le sol, produisent un son étouffé que chaque combattant apprendra rapidement à reconnaître. »

source wikimedia – Mitrailleuse lourde Vickers britannique dont les artilleurs portent des masques à gaz.

Après son décès

Corentin Cariou sera déclaré « Mort pour la France » le 3 janvier 1921, sur avis de la direction du service de santé de Nantes. Il est inhumé au cimetière de Kergoat.


Sources

Registres d’état-civil de Quéménéven

Fiche matricule, AD du Finistère (1R-1608 – 1918)

Toutes les citations proviennent du document : La guerre des gaz 1915-1918 vue à travers les archives de l’ECPAD

Pour en savoir plus sur la guerre chimique : http://www.guerredesgaz.fr  

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